Entre les stocks mondiaux bas, une météo incertaine et une forte spéculation, le marché du café connaît une flambée des prix sans précédent dépassant largement le record historique de 1970 (310$). Une situation qui met en lumière l'urgence d'adopter des modèles plus durables comme le commerce équitable et l'agriculture paysanne bio.

Une culture intensive trop peu résiliente face au changement climatique 

La production mondiale de café est estimée à 170 millions de sacs de 60kg par an. Le Brésil, premier producteur mondial de café, représente à lui seul 37% de cette production. Le Vietnam est, lui, le premier producteur de Robusta avec 15% de la production globale de café et 36% de la production mondiale de robusta. L’offre de café est concentrée dans ces pays producteurs pratiquant des cultures intensives qui s’avèrent trop peu résilientes face au changement climatique. 

Aujourd’hui, les stocks mondiaux dans les pays producteurs et dans les pays consommateurs sont faibles. Ils représentent environ deux mois de consommation, c'est-à-dire 15% de la demande. Les retards sur le transport maritime du Robusta vietnamien accentuent la tension sur les marchés.

2020-2021 : une récolte record au Brésil a généré un surplus de 11 millions de sacs

2021-2022 : le surplus de la campagne précédente est consommé par un déficit de production 

2022-2023 : La production mondiale a enregistré un déficit de 6 millions de sacs (soit 3% de la production totale)

2023-2024 : un fragile équilibre a été atteint entre la production et la consommation

La fluctuation des prix préjudiciable aux producteurs 

Les fluctuations des cours du café, exacerbées par les impacts climatiques et la spéculation, pèsent lourdement sur les producteurs. Pendant des années, les prix du café restent bas, rendant la caféiculture non viable. Nombreux sont les petits producteurs qui abandonnent leurs parcelles de café ou défrichent de nouvelles parcelles, faute de moyens pour entretenir les caféiers existants. Ce cercle vicieux aggrave la déforestation et accentue l’instabilité de l’offre et des prix.

Les investisseurs institutionnels et fonds spéculatifs affluent sur le marché du café. Le 19 novembre, il détenait l’équivalent de 40 000 containers de café, soit 7% de la production mondiale. Ces acteurs n’achètent pas réellement le café, mais spéculent sur les fluctuations des prix avant de passer sur un autre marché. 

Pour lever le risque spéculatif côté producteurs, le commerce équitable est une solution évidente. Quel que soit le cours du café, les producteurs sont payés à un prix résultant des coûts de production. Ils ont aussi accès à une prime de développement qui va leur permettre d’investir dans les parcelles, d’entretenir les caféières et d’agir sur la fertilité pour un bénéfice de long terme. Penser l’agriculture sur un temps long sans se soucier des cours mondiaux, pérennise les parcelles et stabilise les systèmes de production. Avec un commerce équitable fortement engagé, les producteurs n’ont pas besoin de déforester de nouvelles parcelles, car ils entretiennent leur propre parcelle, tout en conservant la fertilité des sols. 

Pourquoi les prix du café flambent-ils ?

Les coopératives de producteurs impactées

Cette flambée des prix affecte directement les coopératives de producteurs. Les pays actuellement en pleine récolte observent une concurrence sévère pour la collecte du café. Les commerçants achètent des volumes non-négligeables directement aux membres des coopératives. Cela fragilise la capacité des coopératives à honorer leurs contrats d’achat, mais affecte aussi leur capacité à couvrir leurs coûts fixes.

Si nous continuons avec des prix injustes pour les producteurs, nous continuerons ainsi avec une montagne russe des prix, bénéfiques seulement pour une minorité de personnes au détriment des producteurs et des consommateurs.

Pourquoi les prix du café flambent-ils ?
Pourquoi les prix du café flambent-ils ?